Moby Dick, une odyssée verbale et musicale à la MPAA
Comment laisser libre court au style fluide et mouvant du narrateur Ishmaël, jeune philosophe aux grands yeux, amoureux des choses lointaines, qui s’embarque par mélancolie à bord du Péquod ? Comment le corps d’une femme se glisse dans la silhouette boiteuse du légendaire capitaine Achab et devient le porte voix de son combat intérieur, de son obsession tenace, de son rêve de vengeance qui finit par conduire tout un équipage au naufrage ?
Pour raconter cette histoire, la forme du solo s’est imposé comme une manière de rejoindre la folle entreprise d’Achab, il fallait que la metteuse en scène, Marion Delplancke, se défie elle-même : partir à la chasse du lointain, plonger dans la langue puissante de Melville, devenir polyglotte pour laisser entendre tous les langages qui s’entrechoquent à bord du Babel flottant de ce roman.
L’archaïque (théâtre-récit, recours au masque) viendra se frotter au contemporain de la composition sonore (musique assistée par ordinateur). Dans ce Moby Dick pas de bateau en carton pâte, ni de tempêtes artificielles mais avant toute chose des mots et de la musique : un oratorio électro. Car chez Melville, c’est là que se loge l’aventure, dans les détours et les replis du récit, dans la collision des styles, dans les sinuosités de la composition. La phrase entraine celui ou celle qui s’y laisse prendre sans qu’il·elle sache où il·elle va et où il·elle se perd. Elle se cabre et retombe avec une violence voluptueuse. Il s’agira de chercher par l’improvisation l’équivalent scénique de cet art melvillien de la digression.
Par l’entrelacs du récit et du chant, la parole flotte dans un contexte sonore et musical toujours mouvant qui se construit en direct à partir de prises de son réelles au plateau et de transformations simultanées. Le grincement du cuir d’une chaussure devient aux prismes des machines amplifiées un navire craquant sous la houle. Toutes ces métamorphoses sonores s’opèrent à vue renouant avec la magie du jeu d’enfant. La musique onirique de Léa Moreau, sa voix cristalline, ses rythmiques entrainantes, ses atmosphères mystérieuses dessineront l’horizon du spectacle, se devinant au tournant de chaque phrase, comme la mer se renifle dans le labyrinthe des rues de Manhattan.
La MPAA : 5 sites à Paris pour créer / pratiquer / répéter / sortir
La Maison des Pratiques Artistiques Amateurs est un établissement de la Ville de Paris qui a pour mission d’encourager, de développer et de valoriser les pratiques artistiques en matière de spectacle vivant, à l’échelle de Paris et du Grand Paris. Ses sites sont répartis dans plusieurs arrondissements (1er, 6e, 11e, 14e et 20e). Elle offre des services de location d’espaces de répétition, accompagne les projets des équipes et artistes amateurs, organise des ateliers de pratiques artistiques en collaboration avec des artistes professionnel·le·s, accueille des spectacles en diffusion. Elle développe également un Centre de ressources au service du grand public et des réseaux de la culture, des enseignements artistiques et de l’animation.
[Source : communiqué de presse]
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